PRESERVING-BREEDING-GENETICS-HISTORY-STANDARD/MORPHOLOGY-NORTH AFRICAN EFFORTS ARTS/CULTURE

Efforts Nord Africains

Tunisie


Efforts de préservation du sloughi dans la région de Bou Salem
par Dr. Dominique de Caprona
Traduit de l'anglais par Dr. Anne d'Ersu

© de Caprona 2012



Q'Taya, Mouja et Skhab 1   ~  Lisa, la soeur de Mouja, et ses chiots 1999  
  
  Ghazel de Djoumine   ~  Richa du sud de la Tunisie

    Il y a plusieurs années, au printemps 1999, ma soeur et moi nous étions rendues pour la première fois en Tunisie. Au cours d'un périple qui nous avait menées de Ghardimaou à l’extrême Nord-Ouest du pays jusqu'à Douz, tout au Sud, nous nous étions arrêtées entre autres à Bou Salem, une ville située à environ deux heures à l’Ouest de Tunis. Nous avions été présentées à Raouf Ochi et à sa femme Lamia, ainsi qu’à d’autres chasseurs de la région. Nous avions vu 6 sloughis adultes dans deux maisons différentes, 2 mâles et une femelle dans chacune. La sloughia fauve, appelée Lisa, avait une portée de très jeunes chiots. Tous ces sloughis avaient une couleur qui allait du sable pâle au fauve rouge. A cette époque il y avait environ 15 sloughis appartenant à environ 10 chasseurs dans un périmètre de 25 km autour de Bou Salem.

 

     J'étais bien loin de penser à l'époque que 13 ans plus tard, en décembre 2011, j’allais prendre 10 jours de vacances et accepter l’invitation de Raouf Ochi à revenir à Bou Salem. Alors que Raouf nous emmenait, moi et d’autres personnes, rendre visite à des propriétaires de sloughis de la région, j'ai découvert une situation très différente : La population de sloughis avait beaucoup augmenté. Malgré l’hiver tunisien avec sa pluie, ses flaques d'eau, sa boue et son froid, les gens sortaient de chez eux pour nous présenter fièrement beaucoup de sloughis et de sloughias de toutes les couleurs de robe et de tous les âges. Il y a maintenant près d'une centaine de sloughis dans la région et beaucoup de propriétaires les utilisent pour la chasse. J’ai été heureuse d'apprendre que plusieurs des sloughis et des chiots que j’avais vus en 1999 avaient transmis leurs gènes aux générations futures. Il y avait aussi eu l'apport de Sloughis appartenant à d’autres lignées venant d’ailleurs qui avaient contribué à élargir le pool génétique. Certains des sloughis de 1999 venaient de Ghardimaou (élevage de Heinz-Gert et Gisela Bergman) descendant de sloughis algériens (Relizane) et tunisiens (Meknassy, Tozeur) tel que Skhab 1. Parmi les autres, il y avait Skhab de Moulares, Douna de Hadjeb Layoun (une petite ville du gouvernorat de Kairouan) et leurs filles Mouja et Lisa, Richa venant du Sud et Mouja de chez les nomades. Au cours de la dernière décennie, le mâle bringé Ghazel que Raouf Ochi avait acquis à Djoumine, a amené cette couleur dans la région; Richa, appartenant à un éleveur connu de Mateur a donné récemment le manteau noir à ses chiots. Les sloughis de Bou Salem sont pour l’instant maintenus à l’écart de toute alliance avec les lignées tunisiennes qui ont été mélangées aux croisements français sloughi/Saluki. Les lignées de Bou Salem sont suivies soigneusement pour préserver leur authenticité.

 

       Je rentre de ce voyage très impressionnée par ce qui est sans aucun doute le résultat des efforts concertés d’un groupe sérieux, passionné et averti, entrepris dans cette région au cours de la dernière décennie par Raouf Ochi et d’autres chasseurs. Non seulement davantage de personnes de divers âges et venant d'endroits différents s'intéressent au maintien de cette race, mais les traditions qui entourent l’Art de la chasse au sloughi ont également été transmises et attirent de nouveaux adeptes. Tous ces Sloughis ont l’air d’être en bonne forme : je n’ai vu de cicatrices dues à des blessures que sur 3 d’entre eux et je n’ai pas vu de blessures dues à des morsures de chien. Une visite dans un endroit où un important groupe de sloughis mâles et femelles de tous âges avait été mis en liberté dans un champs voisin a prouvé de façon indubitable que ces sloughis ont des caractères très sains, que leurs instincts sociaux sont intacts, puisque je n’ai été témoin d’aucun signe véritable d’agressivité. J’ai reconnu beaucoup de traits de comportement subtils que l’on ne voit que chez les chiens qui savent communiquer entre eux. Cela vaut pour les sloughis entre eux, mais aussi pour les sloughis que j’ai vus plus tard descendre d'une colline à la nuit tombante avec d’autres chiens.


Sloughia fauve descendant une colline à la nuit tombante avec d’autres chiens   

      Très peu de sloughis avaient les oreilles coupées, une tradition tunisienne qui a tendance à disparaître dans cette région.  Les sloughis, surtout les chiots, sont vaccinés pour combattre un Parvovirus mortel et très répandu, qui constitue probablement en ce moment la pire menace sanitaire à laquelle se heurte la préservation du Sloughi en Afrique du Nord.
       Le futur du Sloughi dans cette région est aujourd’hui entre de bonnes mains. Certains des éleveurs et propriétaires avec lesquels j'ai pu discuter à Bou Salem, mais aussi par la suite au festival de Douz, sont contre l’importation en Tunisie de sloughis d'Europe de l'Ouest et sont en même temps fatigués de l’exportation de sloughis tunisiens vers ces pays et vers la Libye. Ils préféreraient que la population de sloughis tunisiens retrouve un niveau plus stable dans son propre pays avant que certains de ses sujets quittent le pays et soient perdus pour la reproduction en Tunisie.

 
Descendants bringés de Ghazel de Djoumine


 




Deuxième
a partir de la gauche: Richa de Mateur





 

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