PRESERVING-BREEDING-GENETICS-HISTORY-STANDARD/MORPHOLOGY-NORTH AFRICAN EFFORTS ARTS/CULTURE |
Génétique
Sloughis Nord Africains
à Poils
Longs Un ami m’a fait
suivre le
bulletin 2007 de la “Society for the Perpetuation of the Desert Bred
Saluki”,
dans lequel j’ai trouvé un article surprenant de M. Clark.
Celui-ci
présente l’image d’un lévrier à poils longs mais
accompagné
d’une personne dont l'habillement rend pratiquement impossible toute
identification
avec un peuple d'Afrique du Nord ou d'ailleurs. Malgré le manque de logique du texte et ces différences de structure évidentes, Clark a une interprétation différente et conclut : “Ainsi donc, si la variété à poils longs était répandue, comment a-t-elle pu s'éteindre en un peu plus d'un siècle?” Je suppose que, correctement formulée, la question devrait être la suivante: Pourquoi la variété de "sloughi" à poils longs, qui était commune en Afrique du Nord jusqu’à la fin du 19ème siècle a-t-elle disparu si vite, ne laissant derrière elle que la variété à poils courts (bien reconnue aujourd'hui) vers le début des années 1960, époque à laquelle Przezdziecki a écrit son livre sur ces lévriers. Clark poursuit: “Przezdziecki avait une explication très simple de la disparition des lévriers à poils longs d’Afrique du Nord après les migrations arabes : “Sous le soleil africain, en quelques générations, tous les Salukis avaient opté pour le poil court.” Cette explication me paraît tout à fait improbable, car si le climat devait avoir eu un tel effet, il aurait dû en être de même dans d’autres régions du monde arabe ayant le même climat comme l’Arabie, où les lévriers à poils longs se sont perpétués sans aucun problème jusqu’à nos jours. En tant que
propriétaire,
éleveur et exposant de sloughis depuis plus de 20 ans, j’ai
été
sidéré de constater que dans tous les ouvrages que j’ai
pu
lire sur l’Afrique du Nord et le sloughi, rien de tout cela
n’était
mentionné. J’ai été satisfait de voir ensuite
comment
Clark a subtilement démonté le raisonnement apparemment
logique
de Przezdziecki : à même température, même
pression
de sélection. Pour comprendre
mon étonnement,
supposons que le nombre total de sloughis présents au Maroc
donné
par Clark (210 en 1970) soit exact. Il nous faudrait ajouter
à
ce chiffre le nombre de sloughis présents en Algérie, en
Tunisie et en Libye, soit un total approximatif de 1000 sujets. Selon
l'opinion
de Clark, près de 500 de ces chiens auraient eu le poil
long
au début du 19ème siècle. Il est pratiquement
impossible
d’éliminer complètement une fréquence aussi
élevée
d'animaux à poils longs en si peu de temps (disons en 70 ans ou
35 générations), même si chaque chiot à
poils
longs avait été supprimé. Le gène du poil long pourrait-il avoir été “dilué” en croisant des non-porteurs de ce gène avec des porteurs? C’est tout au plus une possibilité, mais qui semble très peu probable car si un porteur avait des chiots avec un non-porteur, ces chiots auraient 50% de chances d’être porteurs sans pour autant montrer le moindre chiot à poils longs dans leur progéniture. Il est manifeste que le fait d'éliminer les chiots à poils longs aurait peu d’effet sur la fréquence du gène codant pour le poil long dans une telle population, puisqu'il s'agirait d'un évènement assez rare. Une telle approche ne diminuerait la fréquence du poil long que dans la mesure où le croisement de deux porteurs serait relativement peu courant. Cependant, les porteurs restants ne seraient pas découverts ni éradiqués, à moins qu’on ne les croise entre eux pour obtenir une progéniture à poils longs; le fait de perdre un gène "poil long" par le seul fait du hasard dans chacune des "niches" où subsistent des sloughis, qui sont disséminées à travers les grands espaces géographiques d’Afrique du Nord, est une hypothèse presque impensable. De plus, on se
demande comment
un abattage régulier de ces sloughis aurait pu être
orchestré,
si l’on part du principe que, d’une manière ou d’une autre, les
Berbères auraient changé en très peu de temps
d'attitude
envers leur lévrier endémique? Après tout,
d’après
ce que rapporte le Général Daumas en 1852, le sloughi a
été
et est la fierté de ce peuple, et pratiquement toutes les images
fiables du lévrier d'Afrique de Nord publiées en France
pendant
près d’un siècle (1852-1952) montrent un lévrier
à
poils courts. Donc, que se serait-il passé, et à quel
moment,
pour que tout un peuple change d'attitude dans une vaste région
de la taille de l’Europe, l'obligeant à abattre tous ses
lévriers
à poils longs? Etant donné que ces régions se sont
trouvées à l’époque dans des situations politiques
assez différentes (occupées par la France ou l’Italie ou
ayant leur propre roi), Clark devrait au moins donner une explication
plausible
au fait que les Berbères aient subi un changement aussi radical
envers leurs lévriers dans des sociétés
très
différentes. A la lumière de toutes ces données génétiques qui existent déjà et qui vont à l'encontre des idées de Clark, on s'interroge sur l'origine de cette obsession de Clark et Przezdziecki à vouloir que les sloughis aient le poil long comme les salukis? Peut-être ce problème trouve-t-il sa source non pas en Afrique du Nord, mais bien en Europe? Nous savons de fait qu’un saluki importé d’Arabie saoudite a été croisé avec les sloughis de Przezdziecki et, vu le degré élevé de consanguinité de cette lignée, il se peut que des chiots à poils longs soient nés et aient été supprimés. Cependant, si cette histoire qui circule en Europe depuis longtemps est vraie, il s'agit certainement d'un problème limité à un petit groupe d’éleveurs de “sloughis” (pour de plus amples renseignements, veuillez consulter :The Sloughiman's website, Understanding Sloughi Pedigrees) et vouloir le généraliser à l’élevage traditionnel pratiqué par les Berbères d’Afrique du Nord serait manifestement prendre ses désirs pour des réalités sans pouvoir en apporter la moindre preuve tangible. Il conviendrait peut-être que Clark soumette ses idées scientifiquement discutables à quelqu'un qui connaît bien la génétique et qui puisse lui expliquer les lois de Hardy-Weinberg et de Mendel que l’on enseigne aujourd’hui aux étudiants du premier cycle de Biologie. S'il avait lu les théories remarquables publiées par son compatriote Charles Darwin il y a 150 ans, Clark aurait compris l’invraisemblance de ses idées. De plus, un simple exercice mathématique lui aurait montré les limites de son explication aussi clairement qu'il a montré celles de l'explication de Przezdziecki. Pour conclure, il
semble
bien que les nombreux livres que j’ai lus aient en effet dit vrai et
que
le sloughi d’Afrique du Nord ait bien toujours eu le poil court, sans
qu'il
ait fallu pour cela éliminer des chiots à poils longs
dans
tout le Maghreb. J’aime mes sloughis et n’aurai jamais
été
capable de supprimer un chiot et, pour autant que je le sache, les gens
que nous connaissons en Afrique du Nord pensent de même.
Heureusement
pour moi, les lignées de sloughis du désert d'Afrique du
Nord et de sloughis européens que nous avons ne portent pas le
gène
codant pour le poil long, puisque nous avons su dès le
début
de notre élevage d’où provenait ce gène et avons
soigneusement
évité ces lévriers issus de croisements mixtes
(sloughis-salukis)
que certains proposent comme étant des “sloughis.”
Références
* Note: les mots sloughi/saluki signifient lévrier en Arabe. Ils ont été attribués à deux races différentes par les Européens, le sloughi étant le lévrier nord africain à poils courts, le saluki étant étant le lévrier persan à poils longs.
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