Atrophie Progressive
de la Rétine chez le Sloughi
Par Dr. Dominique de caprona
traduit de l'anglais par Dr. Anne D'Ersu
© de Caprona
Qu'est ce que l'Atrophie Progressive de
la Rétine?
L'Atrophie
Progressive de la Rétine (APR) est une maladie
héréditaire cécitante que l’on retrouve chez
la plupart des chiens de race pure. L'APR est
une maladie dégénérescente de la rétine.
La rétine, située au fond de l'oeil, contient
des cellules spécialisées, ou photorécepteurs,
qui absorbent la lumière que le cristallin
leur envoie. Ces photorécepteurs convertissent
cette lumière en signaux électriques nerveux.
Ces signaux sont ensuite acheminés par le nerf
optique jusqu’au cerveau, où ils donnent
naissance à la vision . Ces photorécepteurs de
la rétine sont de deux sortes: les bâtonnets
pour la vision nocturne et les cônes pour la
vision diurne et la vision des couleurs.
En général
l'APR touche d’abord les bâtonnets, entraînant
une héméralopie (altération de la vision dans
l’obscurité ou la semi-obscurité), puis les
cônes, lorsque la maladie progresse et qu’il y
a également altération de la vision diurne.
Au fur et à
mesure que leur vue baisse, les chiens
apprennent à compenser ce handicap en faisant
appel à d'autres modalités sensorielles
(toucher, ouie, odorat) pour autant que leur
environnement reste constant. Au cours de
cette maladie, leurs pupilles deviennent très
brillantes, et les cristallins s’opacifient
entraînant parfois une cataracte.
Chez l'être humain, la
rétinopathie pigmentaire est une maladie du
même type.
Quand a-t-on découvert l'Atrophie
Progressive de la Rétine chez le Sloughi?
Des cas isolés de Sloughis devenant
aveugles a un âge relativement précoce sont
apparus occasionnellement au cours de ces 25
dernières années d'élevage en Europe.
Cependant, il aura fallu attendre l'été 2000
pour que cette maladie soit correctement
diagnostiquée, et pour que l’anomalie
génétique qui en est responsable (une
insertion de 8pb dans l'exon 21 du gène PDE6B)
soit identifiée dans cette race par une équipe
scientifique allemande: Gabrielle Dekomien,
Maren Munte, Rene Gödde et Jörg Thomas Epplen
du Département de Génétique Moleculaire
Humaine, Université de la Rhur, Bochum,
Allemagne.
Comment se caractérise l'Atrophie
progressive de la Rétine chez le Sloughi?
Le mode
de transmission héréditaire de l’APR est
extrêmement variable d’une race à
l’autre. Chez le sloughi, l'APR est
d’installation tardive et les chiens qui en
sont atteints semblent normaux lorsqu'ils sont
jeunes, mais développent la maladie à l'âge
adulte. D’après ce que l’on sait des quelques
cas connus, il semble que l'APR commence vers
l'âge de 2-3 ans et évolue lentement au cours
des années suivantes. Il existe des
différences individuelles et cette
dégénérescence de la rétine peut évoluer plus
rapidement chez certains sloughis que chez
d'autres.
Quel est le mode de transmission
héréditaire de l'Atrophie Progressive de
la Rétine chez le sloughi?
Chez le
sloughi, mâles et femelles peuvent hériter de
cette maladie et la transmettre à leur
progéniture. Cette maladie est récessive dans
cette race. Les sloughis peuvent être
homozygotes pour le gène défectueux (atteints
d'APR), hétérozygotes pour le gène défectueux
(porteurs de l'APR) ou homozygotes pour le
gène normal (exempts d’APR)
Les sloughis
porteurs d’une APR ou qui en sont exempts sont
en bonne santé et ne développeront jamais
cette maladie. Cependant, les chiens porteurs
peuvent transmettre cette maladie à leur
progéniture pour autant qu'ils soient croisés
avec un autre chien porteur de cette maladie
ou avec un chien atteint de cette maladie.
Plus
précisément, les lois de la transmission
héréditaire des maladies autosomiques
récessives, nous indiquent ce qui suit pour
l'élevage:
1) deux
sloughis atteints d’APR croisés entre eux
donneront naissance à 100% de chiots
atteints d'APR.
2) un
sloughi atteint croisé avec un sloughi
porteur donnera 50% de chiots atteints, 50 %
de chiots porteurs.
3) un
sloughi atteint croisé avec un sloughi
exempt d'APR donnera 100% de chiots
porteurs.
4) un
porteur croisé avec un autre porteur donnera
50% de porteurs, 25% de chiots atteints
d’APR et 25% de chiots exempts d’APR.
5) un
sloughi porteur croisé avec un sloughi
exempt d'APR donnera 50% de chiots porteurs,
50% de chiots exempts d'APR.
6) deux
sloughis exempts d'APR croisés entre eux
donneront 100% de chiots exempts d'APR.
Il
s’agit là bien sûr de résultats statistiques
issus des lois de Mendel. En réalité, ces
pourcentages varient un peu d’une portée à
l’autre dans les scénarios 2,4 et 5
Que faire lorsque l'on veut élever des
sloughis?
Depuis
l'été
2000, il est désormais possible
d’effectuer le génotypage des sloughis à la
recherche d’une APR en envoyant des
prélèvements de sang au Département de
Génétique Moléculaire Humaine de l'Université
de la Ruhr, à Bochum, Allemagne. Aux Etats
unis, l'Association Américaine des Amateurs du
Sloughi (Sloughi Fanciers Association of
America) a travaillé avec OptiGen et l'équipe
allemande pour mettre au point le même test et
depuis janvier 2001 on peut simplement envoyer
les prélèvements de sang à OptiGen.
Maintenant que le mode de transmission
héréditaire de l'APR est connu, la Deutsche
Windhund Zucht und Renn Verband, de même que
l'Association Américaine des Amateurs du
sloughi, ont élaboré des règles visant à
maîtriser cette maladie.
Depuis
janvier 2001, l'inscription dans le Livre des
origines de l'Association Américaine des
Amateurs du sloughi (SFAA) reste ouverte à la
progéniture des croisements suivants : deux
sloughis exempts d'APR, et un sloughi porteur
+ un sloughi exempt d'APR. Chaque sloughi
utilisé comme reproducteur doit faire la
preuve que son résultat au test de recherche
de l'APR est conforme à ce qui est demandé. La
DWZRV a une règle semblable en vigueur.
Il est important de se souvenir qu’au début
2001, si l'on a trouvé moins de 10 sloughis
atteints de cette maladie, un tiers de
la population génotypée jusqu'à ce jour s'est
avérée être porteuse de la maladie. Il est
donc très important, à ce moment précis de
l’histoire, de ne pas passer d’un extrême à
l’autre et de risquer de réduire le pool
génétique du sloughi en écartant 1/3 de la
population de la reproduction. En agissant
ainsi, on courrait le risque de voir
apparaître d'autres maladies génétiques
beaucoup plus difficiles à génotyper et à
maîtriser. Cependant, il est évident qu’avec
une telle proportion de sloughis porteurs de
l'APR, les éleveurs sérieux soumettront leurs
chiens au dépistage de cette maladie.
Il est
toutefois recommandé de n'utiliser les
sloughis porteurs que lorsqu'il s'agit
d'individus extrêmement prometteurs ou
performants et, au fil des générations, de les
utiliser de moins en moins, jusqu'à ce que,
théoriquement, on parvienne à éradiquer
l'APR dans cette race tout en préservant sa
santé génétique.
© with the Library of Congress, Dominique de
Caprona 2001
Note: une
phrase publiée dans l'article on line
"SLOUGHIS
AND PROGRESSIVE RETINAL
ATROPHY
par Timothy
Anderson PhD, Ermine Moreau-Sipiere, et
Karin Schirmer
déclare
ce qui suit
"les
chiens, comme les humains, ont beaucoup
de maladies génétiques. Des maladies génétiques fréquentes chez d'autres races
que le sloughi, sont les problèmes cardiovasculaires, la
displasie, et l'épilepsie. Jusqu'a présent on ne connaissait pas
de maladies génétiques chez le sloughi.
Malheureusement, la maladie génétique de l'atrophie
progressive de la rétine
(APR) a maintenant apparu chez les sloughis en
Europe et aux USA, probablement suite à une
mutation spontanée ou introduite par les sloughis
nord africains.
L'allusion
au fait que les sloughis nord africains
ont importé
l'APR aux chiens européens est complètement déplacée, puisque tous les imports
nords africains depuis que le test existe
ont prouvé
qu'ils étaient
exempts d'APR. Toute personne
qui s'y connait en sloughi sait que l'APR n'a
pas simplement "apparu", elle a été présente
dans la population européenne de sloughis
depuis de nombreuses années avant que le test
soit développé.
References et
adresses:
Dekomien G, Maren Munte, Rene Gödde, Jörg
Thomas Epplen (2000): Generalized Progressive
Retinal Atrophy of Sloughi dogs is due to an
8-bp insertion in exon 21 of the PDE6B gene.
Cytogenet. Cell Genet. 93: 261-267 Department
of Molecular Human Genetics, Ruhr University,
44780 Bochum, Germany. Internet: http://mhg.uni-bochum.de
Acland Gregory, Gustavo Aguirre (1995): PRA
today - PRA background and diagnosis.
Internet: http://www.sheepdog.com
OptiGen, LLC Cornell Business and Technology
Park 767 Warren Road, Suite 300, Ithaca, NY
14850 For information on shipping samples and
forms please visit OptiGen's. Internet:
http://www.optigen.com
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